Au début des années 1630, Venise subit une épidémie de peste qui dura seize mois. La narratrice l’apprend en lisant un livre rapporté d’un séjour dans la Sérénissime en février 2020. Le carnaval a été interrompu par l’annonce d’une possible pandémie. Elle et ses enfants, placés en quarantaine à leur retour, habitent une autre lagune, en France ; ils espèrent reprendre rapidement une existence normale. Le temps semble toutefois retourner en arrière : les événements qu’ils vivent entrent en résonance avec ceux que relate la chronique vénitienne. Parmi les survivants, le musicien Claudio Monteverdi, indirectement lié à l’arrivée du fléau dans la ville, a pris une décision capitale. Ce roman déroule le fil d’imperceptibles changements qui mènent à des transformations radicales. Les contagions se propagent à bas bruit ; une union insensiblement se défait, une autre s’affirme, au terme d’un long cheminement intérieur. « Nous sortions de quarantaine pour entrer en confinement. Mais aux confins de quelle contrée, sinon de nous-mêmes ? »
Professeure d’université, auteure d’essais sur la littérature, Sophie Guermès a aussi écrit plusieurs ouvrages de fiction qui suivent le cours de modifications silencieuses, et dans lesquels l’art tient une place importante : La Loge (L’Harmattan, 2002), Les Ombres portées (Triartis, 2016), Bucarelli-Roma (Les Éditions du Littéraire, 2018), Fellini. Songe d’une nuit d’automne (5 sens, 2021).