Ombres vacantes forge une voix poétique prenant appui sur la trace laissée par des présences désaffectées, ces semi-présences qui nous restent du vertige de la blancheur : la démission de soi, le scandale de la maladie, l’écrasement de la perte, la vulnérabilité du vieillissement, du handicap, sont autant d’expressions d’une vacance existentielle ; elles font rupture, elles font silence. Un espace de tension fertile au poème se déplie autour de cette incomplétude, où chaque vers est un appel à habiter la béance, à embrasser la peau du plein silence, à ne pas lâcher sa frêle respiration. « Nous ne savons pas dire / Pas plus écrire / Ce qui désarticule la vie en nous », et pourtant, il y a invitation à persister face à ce qui détisse, à s’acheminer vers la douceur : « Tout est attente, tout est appel, tout puise dans l’immensité de la question : où allons-nous ? » L’impératif est là : se laisser traverser par les brumes de la présence, et par-là tenter, même un peu, de demeurer.
Aléna Balouzat est professeure et chercheuse en Sciences de l’information et de la communication. Également auteure d’un premier recueil, À la confluence de quelques notes, paru en 2024 aux Éditions du Cygne. Sa poésie s’attache à l’expression de l’intime et invite à penser le vulnérable comme une corde sensible sur laquelle on tente d’avancer, dans une incertitude ambivalente aussi tremblante que joyeuse, qui nous dessaisit et nous replace dans l’existence