Voici un autre recueil de poésie. « Encore ? » feront certains. « Pourquoi non ? ! » penseront d’autres. Je dirais aux premiers, non sans avoir remercié les seconds, que s’ils voient, eux, la vie en prose, je la préfère en vers… et qu’on ne discute pas des goûts et des couleurs. Surtout quand, autour de nous, tout paraît aller à vau l’eau. Et vitement semble-t-il. J’aimerais qu’on puisse s’extraire, à la lecture de tel ou tel texte, de ce qui agite le monde et tourmente l’époque par trop dans une atmosphère irrespirable de fin des temps. Je souhaite ardemment qu’à chaque poésie que l’on décrochera de ce troisième poémier, on puisse dire, comme Jean Cocteau le fit, qu’« un poème est une tentative de nous ouvrir les yeux pour voir ce qu’on ne regarde plus ». Oui, on ne voit plus le beau, on n’apprécie plus le bon ou goûte plus le bien, focalisant notre attention sur des choses trop graves pour être ignorées mais qui asphyxient l’espoir, déjà fil ténu, ou étouffent nos rêves d’avenir serein. Bref, pour changer d’air à défaut d’ère, la poésie, est une salutaire bouffée d’oxygène quoi qu’elle reste le parent pauvre de nos bibliothèques. Elle s’évertue, à mes yeux de rimeur, à nous aérer l’esprit et à nous déconfiner le cœur car paraphrasant Frida Kahlo, on peut dire qu’elle propose « toujours des horizons où tu dessines des frontières ».
Christian Satgé, rimailleur qui rime aussi ici, est l’auteur d’une production riche et variée dans un style néo-classique propre à toucher le plus grand nombre. Pyrénéen né toulousain, entré désormais dans sa sixième décennie, il continue de mettre en vers – et parfois en boîte – notre monde et ses vicissitudes, la sagesse et l’âge de raison ne lui venant toujours pas.