Quel tourbillon que cette vie d'un Espagnol genevois, placée sous le signe de l'exil pour fuir le franquisme, l'installation dans le sud-ouest de la France puis à Paris, avant l'arrivée à Genève, à l'âge de treize ans. Que de péripéties pour ce jeune Espagnol, qui s'engage avec passion dans une carrière d'architecte, tente un retour à Madrid pour y ouvrir un bureau, mais c'est finalement en tant que professeur à l'Ecole d'architecture de Genève qu'il s'engage. Il y développe son penchant pour l'architecture climatique et l'écologie, au moment où peu y voient un intérêt. C'est enfin loin de Genève, à Alep, en Syrie, qu'il va créer, sept ans avant les terribles événements qui l'anéantiront, une faculté d'architecture dans laquelle il mettra en œuvre ses programmes audacieux, aux côtés d'étudiants enthousiastes. La structure perdurera quelques années, avant de finir en poussière, à l'image de la ville tout entière. L'auteur de ce parcours est surtout le fils de ce père, qui va le marquer de son empreinte de façon permanente.
Philippe Moreno
Né en 1934 à Madrid, Philippe Moreno, avec sa famille, fuira les rigueurs du franquisme et gagnera la France puis Genève. C'est dans cette ville qu'il suivra des études d'architecte. Attaché à l'Espagne, il y retournera en 1966 pour y fonder un atelier et y réaliser différentes constructions. Il reviendra ensuite s'installer à Genève, où il ouvrira un nouveau bureau et deviendra, en 1968, professeur à l'école d'architecture. En 2003, alors qu'il dirige une résidence pour étudiants à Genève, il est invité à créer une structure universitaire à Alep, en Syrie, destinée à former des étudiants en architecture. Il vit aujourd'hui dans le Nord Vaudois.