Depuis de très nombreuses années, outre mes recherches littéraires dans de nombreux domaines d’application, je me suis intéressé à trois phénomènes que je qualifie volontiers de symptomatiques ; d’autres parleraient tout bonnement de maladie. Personnellement je m’y refuse, afin d’observer une certaine pudeur et décence à l’égard d’une catégorie de personnes dites différentes ou marginales et qui ne rentrent pas dans le cadre social traditionnel. Aphasie, autisme, schizophrénie, qui ne cessent d’interpeller ma conscience - un ensemble de signes - qui souvent se contredisent et se télescopent avec au bout du compte une pathologie bien plus à craindre : l’aliénation. Substitut incertain d’une finalité à peine maitrisée de l’existence humaine, et conséquence d’une dérive progressive des sources de l’humanité. En clair nous sommes tous des aliénés et je pèse mes mots. Faut-il encore admettre que nous le sommes vraiment ; j’entends déjà autour de moi des cris de peur et de révolte, avec en arrière-plan l’idée de la haine et du meurtre. Eh bien qu’à cela ne tienne… Le présent ouvrage affirme la dégénérescence des grands principes salutaires de cette humanité-là devenue aphasique, autiste et schizophrène et dont l’écriture à ce niveau peut être une juste échappatoire. Viendrait-elle nous sauver du trouble et de l’enfermement ?
Jean-Luc Favre Reymond, poète, critique, et écrivain est né en 1963 en Savoie. Son œuvre poétique, traduite en huit langues, a été saluée par les plus grands poètes et universitaires contemporains. Il collabore à de nombreux journaux et magazines, ActuaLitté, Passages, Recours au poème etc… Outre d’occuper diverses fonctions, il est également chercheur associé auprès du Centre d’Études Supérieures de la Littérature de Tours.